Expo Osaka 2025 : comment Sou Fujimoto a construit la plus grande structure en bois du monde
À l’Expo Osaka 2025, l’architecte Sou Fujimoto dévoile le Grand Ring — une mégastructure circulaire en bois de 60 mètres de haut, record battu. Voici comment l’assemblage traditionnel japonais, la conception numérique et l’ingénierie du bois de masse ont rendu cela possible.
Quand l’Expo 2025 ouvrira à Osaka, une seule structure dominera non seulement le paysage — mais aussi la conversation architecturale mondiale.
Cette structure est le Grand Ring :
une mégastructure circulaire en bois à couper le souffle de 60 mètres (197 pi) de haut et 690 mètres (2 263 pi) de circonférence, conçue par l’architecte de renommée mondiale Sou Fujimoto.
Ce n’est pas un pavillon.
Ce n’est pas une sculpture.
C’est un manifeste en bois — la plus grande structure en bois autoportante jamais construite.
Et elle poursuit un objectif encore plus ambitieux que de battre des records :
Elle prouve que le bois peut façonner l’avenir de l’architecture monumentale.
🌍 Un symbole mondial pour un avenir post-carbone
Le thème de l’Expo 2025 est « Concevoir la société future pour nos vies ».
Le Grand Ring ne soutient pas seulement ce message.
👉 Il est le message.
Sa forme circulaire parfaite représente :
- le cycle de la nature
- la régénération des ressources
- la continuité de la culture humaine
Au lieu de la domination du béton et de l’excès d’acier, Fujimoto a choisi un matériau qui pousse, respire et stocke le carbone :
Le bois.
🏯 Une vision enracinée dans l’artisanat ancien — construite avec une précision numérique
À première vue, le Grand Ring semble intemporel.
Ses colonnes en bois surélevées évoquent les systèmes poteau-poutre des temples japonais et des fermes (minka), où les structures sont assemblées par des joints en bois entrelacés, sans fixations brutales.
Mais voici la surprise :
Cette logique ancienne a été reconstruite grâce à une conception et fabrication entièrement numériques.
Au lieu de mortaises taillées à la main, l’équipe de Fujimoto a utilisé :
- la modélisation 3D du bois
- la conception paramétrique des nœuds
- des composants d’assemblage usinés par CNC
Chaque connexion a été :
- modélisée numériquement
- optimisée structurellement
- usinée avec une précision au millimètre
L’ensemble du processus de coordination a été mené via des flux CAO/FAO dédiés au bois, assurant un alignement parfait entre architecte, ingénieur et fabricant.
🪵 L’arsenal du bois : lamellé-collé, CLT et 4 500 m³ de bois
Le Grand Ring est construit principalement à partir de :
- poutres en lamellé-collé → nervures structurelles principales
- panneaux CLT → plancher et stabilisation du diaphragme
Volume total de bois :
Plus de 4 500 mètres cubes de bois
Tout le bois provient de forêts japonaises durables :
- Sugi (cyprès du Japon)
- Hinoki (cyprès japonais)
Ce n’était pas seulement de la construction.
👉 C’était une déclaration forestière nationale.
🧠 Ingénierie de l’impossible : comment une boucle en bois de 690 mètres tient debout
Selon toute logique normale, une boucle en bois de 690 mètres devrait s’effondrer.
La gravité.
Le vent.
Les forces sismiques.
Le flambage.
Alors pourquoi ne s’écroule-t-elle pas ?
Parce que le Grand Ring utilise une stratégie structurelle en trois couches :
✅ 1. Treillis en lamellé-collé à double courbure
L’anneau n’est pas un cercle plat.
Sa section est subtilement voûtée et à double courbure, formant :
- une arche horizontale
- et une coque verticale
Cela augmente considérablement :
- la rigidité
- la redistribution des charges
- la résistance au flambage
C’est une structure de type coque — entièrement réalisée en bois.
✅ 2. Système caché de traction en acier
Discrètement intégrés dans le bois :
- câbles d’acier à haute traction
Ils agissent comme :
- des tendons dans un muscle
- retenant la poussée latérale
- absorbant l’énergie sismique
👉 Aucun acier n’est visible.
La pureté de l’expression du bois reste intacte.
✅ 3. Assemblage modulaire segmenté
La structure a été fabriquée sous forme de :
- 24 segments massifs en bois
- d’environ 28,75 m (94 pi) chacun
Assemblés à proximité hors site.
Puis levés en position en :
Seulement 72 heures.
Ce fut un ballet logistique de bois et de grues — prouvant que le bois de masse passe à l’échelle, non seulement en taille, mais aussi en vitesse.
📡 Un jumeau numérique vivant
Des capteurs sont intégrés directement dans la structure, suivant :
- les niveaux d’humidité
- les contraintes structurelles
- la déformation
- le mouvement thermique
Tout alimente un jumeau numérique en temps réel, permettant aux ingénieurs de :
- surveiller le comportement à long terme
- optimiser la maintenance
- valider les performances du bois de masse à l’échelle mégastructure
C’est l’ingénierie du bois à l’ère des données en direct.
🔁 La première mégastructure circulaire d’Expo au monde
Voici la partie la plus révolutionnaire :
Le Grand Ring n’a jamais été destiné à mourir avec l’Expo.
Après la fermeture de l’Expo 2025, la structure sera :
- soigneusement démontée
- transportée dans la préfecture de Nara
- reconstruite comme un centre d’éducation forestière et de retraite éco-culturelle permanent
Ses composants ont été conçus pour le démontage dès le premier jour :
- les colonnes deviennent de nouveaux pavillons
- les panneaux CLT forment planchers et murs
- les matériaux de fondation sont recyclés localement
C’est un cycle de vie en boucle fermée, pas un théâtre de démolition.
Expo → Forêt → Éducation → Seconde vie.
🏆 Pourquoi le Grand Ring change tout
Le Grand Ring est déjà présélectionné pour :
- Dezeen Awards 2025
- Prix de l’Institut japonais des architectes
Mais les prix ne sont pas la vraie histoire.
La vraie preuve, c’est ceci :
✅ Le bois peut désormais atteindre une échelle monumentale
✅ Tradition et technologie ne sont plus opposées
✅ La durabilité n’est pas une tendance — c’est une discipline d’ingénierie
✅ Les bâtiments peuvent être conçus pour leur seconde vie avant que la première ne se termine
🌀 Pensée finale : l’avenir est circulaire
Alors que les visiteurs marchent sous le Grand Ring à l’Expo Osaka 2025, ils ne verront pas seulement de l’architecture.
Ils vivront :
- une forêt devenue bâtiment
- un bâtiment qui redeviendra forêt
- une structure qui prouve une vérité :
L’avenir de l’architecture n’est pas l’acier vertical.
Construit avec des algorithmes.
Assemblé par des joints.
Conçu pour vivre plus d’une fois.
Et cet avenir ?
Il est déjà debout à Osaka.









